Les stéréotypes ne sont pas uniquement des phénomènes socioculturels, ils ont aussi une origine cognitive précise le site Préjugés et Stéréotypes réalisé avec le concours du ministère de la recherche. Michaël Danbrun a publié une synthèse de travaux sur la manière de mesurer les préjugés, intitulée «les différentes mesures implicites cognitives de préjugés et de stéréotypes». D'un point de vue cognitif, l'origine des stéréotypes vient de l'impossibilité pour notre cerveau de traiter consciemment la totalité des informations qu'il reçoit. De ce fait, il s'adapte en simplifiant l'information qui lui arrive; un de ces moyens est de catégoriser et de classer les informations. Un processus adaptatif très automatisé; en quelques millisecondes, à partir de caractéristiques physiques par exemple, nous sommes capables d'attribuer une catégorie à une personne. Notre cerveau classe généralement à deux niveaux, soit en différence, soit en similarité; l'information est triée par contraste ou par assimilation.
Organisation sociétale
Les individus ont besoin de développer un sentiment d'appartenance à un ou plusieurs groupes. Le phénomène est à double sens; d'une part, nous avons tendance à accentuer notre identification à un groupe de référence, par souci de repères, de structures et d'identité. D'autre part, le regard que nous portons sur les autres groupes est marqué par les différences qui nous éloignent. Exagérer les similitudes à l'intérieur d'un groupe accentue les différences entre les groupes.
Préjugés et discrimination
En fonction des rapports entres ces groupes, les comportements des individus peuvent engendrer des discriminations. Sidanius et Pratto ont développé la théorie de la dominance sociale. Ils partent du postulat que les sociétés son composées de groupes dominants et dominés. Or, cette relation entre dominants et dominés, est étroitement liée au phénomène de discrimination. Les uns étant porteurs de valeurs sociales positives et les autres de valeurs sociales négatives. Le simple fait d'occuper une position sociale dominante est suffisant pour générer des préjugés envers les minorités. Inversement, les préjugés peuvent naître de facteurs, comme la frustration personnelle, la privation économique, l'échec ou le manque d'estime de soi.
«Les arabes sont agressifs, les noirs sont joyeux, les asiatiques sont travailleurs, les femmes sont douces et sensibles. Je suis seule dans le métro, une bande de jeunes garçons rentrent dans le wagon, je prends peur. Je n'ai pas fait de classe préparatoire donc je ne me sens pas à la hauteur. Je suis africaine donc je danse bien.» (...)
Les clichés costument les genres et les gens. Ils façonnent et nourissent l'imaginaire populaire. Nous avons tous (testez vous !) des préjugés et tous, nous en suscitons. Ils font partie de nous, de notre environnement social et en cela, ils sont structurants. Lutter contre les préjugés ? Compliqué. Néanmoins, lutter contre la négation qu'ils engendrent est une bataille fondamentale. Les Nations Unies ont écrit pour cela une déclaration sur la race et les préjugés raciaux]. Et des personnes luttent quotidiennement au sein des associations. Rokhaya Diallo, membre desIndivisibles, confie à quel point les préjugés réduisent les identités. Selon elle, reconnaître et être conscient de ses propres préjugés est une manière de gagner en estime de soi. Or, l'estime de soi permet de réduire ses préjugés à l'égard des autres.
Actuellement, les médias s'interrogent sur l'efficacité des statistiques en terme de lutte contre les préjugés. Si ce n'est par les chiffres, le simple fait d'assumer ces petites bètes qui nous collent à la peau, peut être une manière de positiver.
Charlotte Duperray
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