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mercredi 30 mars 2011
PARLER FRANÇAIS COMME UNE VACHE ESPAGNOLE (HABLAR FRANCÉS COMO UNA VACA ESPAÑOLA).
Parler très mal le français.
Avant tout, il est indispensable de se poser une question très importante : existe-t-il des cours de français spécialement destinés aux vaches espagnoles ?
Meuh non, pourraient-elles mugir dans nos campagnes ! Car, croyez-en mon expérience moult fois confirmée, si vous allez demander à une vache, quelle qu'en soit la nationalité, de vous parler de la pluie, du beau temps ou de la cueillette des olives en basse Provence, elle se contentera de vous regarder fixement de son oeil bovin brillant d'une intelligence extrême (mais de quel côté, l'extrême ?) avant de recommencer à brouter son herbe, sans piper un seul mot intelligible.
Conclusion immédiate : les vaches sont très mal élevées, quoi que puissent en penser leurs éleveurs.
Question résultante : les bovins des pâturages étant manifestement privés de la parole, les espagnols y compris, comment pourraient-ils très mal parler le français ?
Ce n'est pas écrire une vacherie que de dire qu'il existe plusieurs hypothèses sur l'origine de cette expression qui est attestée dès 1640.
La plus classique, mais pas forcément la bonne, vient d'une altération de 'Basque' ("parler français comme un Basque espagnol"), car 'vasces' ou 'vasque', au XVIIe siècle, désignait un Gascon ou un Basque. Et il va de soi qu'un Basque du côté espagnol de la frontière ne parle pas bien le français, sauf s'il a été aux écoles pour l'y apprendre.
Une autre hypothèse, pas obligatoirement la bonne non plus, bien qu'il y soit question de bonne, viendrait d'une altération du mot 'basse' qui désignait une servante. On aura donc vite fait de croire qu'à l'époque, elles étaient plutôt espagnoles que portugaises et que leur maîtrise de notre langue n'était pas parfaite.
Mais ce 'basse'-là était tellement peu employé qu'il n'a pas laissé de traces sauf dans des formes régionales comme 'bassoteuse' pour "femme de ménage"[1].
Pourtant, selon Alain Rey, la plus probable des origines viendrait d'une combinaison de choses péjoratives propres à l'époque.
"Comme une vache" était en général, et est toujours, un terme intensif à connotation fortement négative[2]. Et, à la date d'apparition de l'expression, 'espagnol' était également un qualificatif désagréable ; on disait en effet "payer à l'espagnole" pour quelqu'un qui 'payait' en donnant des coups ou on désignait une "fanfaronnade" d'"espagnolade".
Alors la combinaison de ces deux termes, qu'on trouve dans la littérature dans l'expression "il est sorcier comme une vache espagnole" (c'est un incapable), aurait été un moyen de qualifier très négativement la manière de parler un mauvais français.
[1] D'ailleurs, dorénavant, on ne dira plus "technicienne de surface", mais "bassoteuse".
[2] Si, aujourd'hui, on a encore "gros comme une vache", dont on ne peut pas dire qu'il soit un qualificatif agréable, on trouvait autrefois des "dormir comme une vache" ou bien "pleurer comme une vache" pour désigner quelqu'un qui pleure constamment pour rien.
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